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vendredi 26 avril 2013

Commencer une thérapie à 50 ans - Article paru dans Notre Temps (web)

Quand un mal-être s’installe, il n’est jamais trop tard pour commencer une thérapie. Même à 50 ou 60 ans. Pourquoi consulter ? Qu’attendre d’un travail thérapeutique à cet âge ? Quelle méthode choisir ? Pistes et éclairages avec l’aide de deux psychothérapeutes.

Pourquoi consulter ?

Deuil, licenciement, départ des enfants de la maison : à la cinquantaine, les changements de situation, qu’ils soient personnels, professionnels ou familiaux, peuvent déclencher une crise et un état de mal-être parfois difficile à gérer seul. « Plus les personnes vieillissent, plus elles pensent à leur propre mort. Le décès du conjoint, par exemple, peut réveiller cette peur », explique Catherine Pierrat, psychologue et psychothérapeute à Nice. Professionnellement, la cinquantaine représente aussi un moment charnière : « On n’est plus ni aussi jeune ni aussi performant qu’avant mais pas encore assez vieux pour ne plus travailler. Cette situation n’est pas toujours facile à traverser ».


La ménopause : une période à risque

Les bouleversements physiologiques et psychologiques liés à la ménopause représentent d’autres motifs de consultation chez un thérapeute. « La baisse de la libido, aussi bien féminine que masculine, ressentie par certaines personnes peut générer de l’anxiété et une perte d’estime de soi », souligne Catherine Pierrat. Parfois, ce sont des problèmes relationnels avec des parents vieillissants qui peuvent aussi amener à consulter. Et puis, la cinquantaine est parfois l’occasion de faire resurgir une angoisse existentielle qui n’a peut-être jamais été élaborée jusqu’ici. « Certains ont construit leur vie sur un schéma classique. Ils se sont mariés, ont fait des enfants et se sont investis dans leur vie professionnelle. Mais un beau jour, ils réalisent que finalement, ils ne sont pas heureux ». Un mal de vivre, parfois insidieux, qui peut décider un patient à entreprendre une démarche en thérapie.

Soigner enfin les blessures du passé

Enfin, il n’est pas rare que d’anciens traumatismes enfouis et non résolus ressortent en force avec l’âge. « Certaines personnes ont vécu toute leur vie avec des difficultés personnelles, comme un manque de confiance en soi ou un état dépressif, par exemple. L’âge mûr est pour elles l’occasion de prendre le temps de s’y atteler, de trouver une forme de réconciliation avec elles-mêmes et de pouvoir enfin profiter pleinement de la vie», souligne Claudine Badey Rodriguez (1)

Qu’attendre d’une thérapie après 50 ans ?

D’abord apprendre à mieux se connaître. Et pour cela, il n’y a pas d’âge ! « On peut se découvrir un don ou se passionner pour quelque chose de nouveau qui peut changer une partie de l’existence », explique Catherine Pierrat. Mettre à jour ses propres schémas de fonctionnement permet également d’avoir de meilleures relations avec ses enfants et petits-enfants. « Certains grands-parents prennent conscience de leurs comportements passés en voyant leurs enfants devenir parents à leur tour. Cela peut créer un déclic. Le fait de verbaliser va leur permettre de déculpabiliser et de régler leurs comptes avec leurs propres enfants », poursuit la thérapeute.

L’âge n’est pas un obstacle au travail thérapeutique


L’âge constitue-il un obstacle au travail thérapeutique ? Freud déclarait en son temps, qu’à la cinquantaine, les mécanismes de défenses étant bien installés, on pouvait difficilement modifier ses croyances et ses comportements. « Certes, plus une personne est âgée, plus le travail de remise en question peut demander du temps mais tout dépend de la souplesse intellectuelle de la personne », reconnaît Catherine Pierrat. Pourtant, quel que soit l’âge auquel on commence une thérapie, les bénéfices sont bien les mêmes : se désencombrer de difficultés de fonctionnement qui ne sont pas satisfaisantes, régler les problèmes de stress, d’anxiété, de dépression ou de manque de confiance en soi qui empêchent de vivre pleinement notre vie et alléger le fardeau de nos souffrances. « Aujourd’hui on est encore jeune à 50 ou 60 ans. Cela vaut la peine de se donner les moyens de profiter au mieux de la seconde moitié de la vie », conclut Claudine Badey Rodriguez.

Quelle méthode choisir ?

Si elle n’est pas déconseillée à proprement parler, la psychanalyse, thérapie longue, peut rebuter bon nombre de personnes de plus de 50 ans. S’allonger sur le divan deux ou trois fois par semaine n’est pas forcément une démarche des plus faciles. Pour commencer un travail thérapeutique, les psychothérapies d’inspiration analytique où le thérapeute intervient davantage semblent plus adaptées aux seniors. Les thérapies brèves, basées sur une approche corporelle, comme la sophrologie ou l’EMDR (2) qui permet de travailler sur les traumatismes sont également des approches intéressantes. Enfin, pour résoudre des problématiques relationnelles, les thérapies familiales seront particulièrement bien adaptées.

(1) Claudine Badey Rodriguez est psychologue, psychothérapeute, auteur de « Plus belle ma vie après 50 ans », Albin Michel, 2010.

(2) L’EMDR est une thérapie d’intégration neuro-émotionnelle par des stimulations bilatérales alternées (mouvements oculaires ou autres). Elle a été découverte en 1987 par la psychologue américaine Francine Shapiro. Pour plus d’informations

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